BUDAGWA Assumani: Noirs-Blancs: Métis

Retrouver des enfants métis « supposés abandonnés », acheminés dans des
« orphelinats » et précipitamment emmenés en Belgique au début des années
soixante est une quête qui m’a conduit à m’intéresser au sort des Métis dans les
territoires sous domination belge. De mes recherches, il apparaît que le sort des
Métis du Congo belge et du Ruanda-Urundi n’a été déterminé ni par le caractère
supposé illégitime des unions qui leur ont donné naissance ni par une quelconque
bâtardise. Il résulte d’une « barrière de couleur », niée mais réelle, qui a caractérisé
la politique coloniale belge dans son ensemble. Il résulte également de la façon
de percevoir les Métis et le danger qu’ils pouvaient constituer pour les intérêts
de la Belgique. La Belgique n’a pas attendu de définir une politique cohérente sur
le métissage et les Métis. Mue par le sens du profit et de l’honneur, elle a pris et
justifié certaines initiatives en « faveur » des Métis.
A la lumière de documents d’archives rendus disponibles et de témoignages, ce livre
retrace le contexte de l’émergence de la question « Métis », les discours sociaux
habituels qu’elle a suscités, les débats institutionnels qu’elle a alimentés, les
politiques et pratiques philanthropiques ou autres qu’elle a produites ainsi que leurs
résultats.
Cette recherche ne constitue pas une instruction à charge : elle apporte un éclairage
sur un aspect méconnu de la colonisation belge qui, pour certains Métis ou leurs
géniteurs, a occasionné des drames humains aux conséquences insoupçonnées. Le
contexte du moment et l’esprit du temps, arguments généralement invoqués, ne
suffisent pas pour minimiser, justifier ou excuser les points obscurs du régime
colonial belge et les dégâts profonds occasionnés aux individus ou aux collectivités
et n’occultent pas, par ailleurs, les bénéfices tirés du contact entre colonisés et
colonisateurs

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